La célébration de la bénédiction du nouveau mobilier liturgique et de la consécration du nouvel autel majeur au sanctuaire marial d'Altbronn a été présidée par Son Excellence Mgr Jean-Marie Speich, nonce apostolique.
Les festivités ont eu lieu le 5 juillet 2015, à l'occasion de la fête patronale.
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Préparatifs à la sacristie |
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Préparatifs à la sacristie |
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L'autel nu |
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Le maître-autel avec la statue du pélerinage |
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Avant la célébration |
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La crédence, au chœur |
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Procession d'entrée |
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Les reliques sont portées dans la procession |
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Bénédiction du siège de présidence |
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Aspersion d'eau bénite de l'assemblée, puis de l'ambon et de l'autel |
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Remise du lectionnaire au lecteur |
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Homélie |
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Pendant la litanie des saints |
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Déposition des reliques |
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Parchemin authentifiant l'acte |
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Le tombeau de l'autel est muré |
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L'évêque, revêtu du grémial, procède à l'onction avec le Saint-Chrême. |
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L'encens est allumé. |
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De l'encens est déposé sur les cinq croix de consécration. |
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Encensement de l'autel |
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Parure et illumination de l'autel |
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Liturgie eucharistique |
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Dans l'action de grâce... |
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Bénédiction |
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Procession de sortie |
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Avec les servants du jour ! |
Homélie de Mgr Speich
Chers Sœurs et frères, chers amis du pèlerinage de Notre
Dame d’Altbronn, je suis heureux de vous accueillir pour ce grand moment de la
vie de la Communauté de paroisses ‘Bruche,
collines et coteaux’ qui devrait être placée sous le patronage de la
Visitation de la Vierge, titulaire de ce sanctuaire. Je vous remercie d’être
venus nombreux.
L’église du pèlerinage vient d’être
restaurée et embellie. Le Père Michel Steinmetz, soutenu par le Conseil de
Fabrique et aidé par les donateurs et les artisans, a réussi à redonner à ce
sanctuaire marial sa splendeur antique et sa dignité. Ses responsabilités
diocésaines au Service de pastorale liturgique et sacramentelle, de musique et
d’art sacrés, ont permis certainement de débloquer des situations et d’établir
les contacts voulus. Qu’il en soit remercié et béni. Je tiens à exprimer ma
profonde gratitude aux bienfaiteurs et donateurs. Je remercie également le
Maire d’Ergersheim et les membres du Conseil Municipal qui ont apporté leur
contribution. Il est heureux qu’en Alsace les relations codifiées entre l’Etat
et l’Eglise continuent à assurer l’harmonie des relations dans le respect
mutuel des compétences. Sans eux, la réalisation de ces travaux n’aurait pas
été possible. Merci également à vous tous de votre générosité. Au nom de
l’Eglise, je remercie les entreprises et les artistes qui ont mis tous leurs
talents dans l’exécution des travaux.
La rénovation du sanctuaire et la réalisation
de l’autel vous ont mobilisés, et cette fraternité a resserré les liens entre
vous, surtout entre ceux qui se connaissaient peu ou pas et ceci au bénéfice de
la communauté entière.
Rénover une église n’est pas une mince
affaire et, grâce à Dieu, il existe encore en Alsace des personnes énergiques
et des fidèles courageux qui prennent cette entreprise à cœur. Cette rénovation
des murs si nécessaire soit-elle, n’est que le signe de la rénovation
intérieure, de celle qui nous approche de Dieu et nous ouvre au prochain en
vérité. La rénovation de cette église ne sera donc complète que lorsque nos
propres cœurs seront rénovés. Il s’agit là d’une entreprise à longue haleine
autrement plus difficile et délicate que celles des murs et du sol de cet édifice.
Car vous le savez comme moi, cet édifice n’est que le pâle reflet de l’Eglise
tout entière. L’Eglise tout entière est composée des fidèles, pierres vivantes,
qui se resserrent en fraternité autour du Christ (cf.1 P 2, 5), centre véritable de notre réalité catholique, tout
comme l’est de manière matérielle le tabernacle, lieu terrestre de la présence
réelle dans toute église ou chapelle. Afin que cette unité voulue par le Christ
(cf. Jn 17,
20-24) se réalise aujourd’hui et demain, je vous invite à resserrer
vos rangs autour de votre prêtre, dont la mission première et centrale est de
vous indiquer avec clarté et patience le Ciel et le vrai et unique chemin qui y
conduit. Cela demande au prêtre et aux fideles que vous êtes, beaucoup de foi
courageuse et beaucoup d’humilité authentique. Il est difficile de laisser derrière
soi le MOI, pour se concentrer sur l’autre, sur le TOI, et finalement sur DIEU.
Le réaménagement du chœur avec le nouvel
autel dont chacun est fier aujourd’hui s’inscrit dans la réforme entreprise par
les Pères du Concile Vatican II, au sujet de la liturgie et du lieu où celle-ci
est célébrée. L’espace sacré est un lieu de gloire où le mystère du Dieu
d’amour se révèle. Votre curé a voulu que ce nouvel autel soit réalisé avec des
matériaux nobles, parce que l’autel est le lieu de la visualisation et de la
présence du Christ. Il est beaucoup plus qu’un simple symbole, parce qu’il
signifie la présence du Christ, Pierre angulaire sur laquelle se forme et se
construit son peuple (cf. 1 P 2, 4-10). C’est pourquoi une seule pierre, un beau grès des
Vosges, a été choisie. Cette pierre étonne par sa dureté et sa puissance qui
sont tempérées par le rose de son grain. On admire et on craint cette masse et
cette force. Elle existe. Elle est là fortement et le restera toujours. Il y a
dans cet autel quelque chose qui dépasse la précarité de notre vie humaine. Cette
pierre, qui est le dernier état de l’être, la limite inférieure de la création,
le minéral anonyme, est appelée, en vertu d’une analogie inversée, à représenter
la Puissance et l’Eternité divines.
L’autel, c’est la table du sacrifice, le
lieu dont le peuple chrétien peut dire en vérité à la suite du Patriarche Jacob : « Que ce lieu est
redoutable ! Ce n’est rien moins qu’une maison de Dieu, et c’est la porte
du ciel » (Gn 28, 17). L’autel, c’est aussi la pierre, dont il avait fait son
chevet la nuit de son combat avec Dieu et qu’il érigea en stèle : c’est
Béthel (Gn 28, 18),
la Maison de Dieu. Mais, l’autel, c’est aussi et surtout la table dressée dans
la chambre haute par le Christ, la veille de sa Passion (Mc 14,15), où
Il s’est donné jusqu’à ce jour en nourriture de vie éternelle aux disciples que
nous sommes. L’autel, c’est à la fois le roc du sacrifice et la table de la
Cène, les deux se confondant étroitement dans la personne du Christ.
Je voudrais ajouter deux autres
considérations sur l’autel. Il est le
lieu de la réconciliation et celui de l’Eucharistie. Comment peut-il être le
lieu de la réconciliation ? Le Christ a exigé de se réconcilier avec son
prochain avant de présenter l’offrande sur l’autel (Mt 5, 23-24).
Il affirme ainsi la supériorité de l’autel sur l’offrande humaine, car il est
lieu authentique de la réconciliation et du pardon. Et l’Apocalypse
précise en faisant parler l’autel lui-même : « Oui, Seigneur, tes
jugements sont pleins de vérité et de justice » (16,7). C’est
pourquoi au début de chaque Eucharistie, nous demandons pardon à Dieu et à nos
frères. Nous implorons de l’autel Sa miséricorde pour être justifiés par Sa
vérité.
Nous savons tous que l’autel est le lieu
privilégié de l’Eucharistie. Le lieu de la présence du Christ total, corps et
sang non dissociés. C’est pourquoi le premier autel ce sont les mains de l’Evêque
et des prêtres. Mon cœur d’Evêque est édifié comme un autel malgré mon indignité
et mon péché, car c’est le Christ seul qui sanctifie ; seul il doit être
et le prêtre, et la victime et l’autel (Nicolas
Cabasilas, La vie du Christ, V, SC
22, Cerf, 1990, p. 18 et 19. 31 ; et Explications
de la divine liturgie, XXX, SC 4, Cerf, p. 169). Saint Ambroise résumait cette réalité sublime en
quelques paroles lapidaires : « L’autel représente le corps et
le corps du Christ est sur l’autel » (Des Sacrements IV, 7, SC, 25 bis, Cerf,
1961, p. 105). N’oublions pas que nous
sommes le corps mystique du Christ. Chaque fois que nous regardons un autel
dans une église, nous regardons le Christ et l’Eglise. Ce sont là dans l’unité
et autour de l’Evêque, le seul Corps du Christ et le seul Sang du Christ pour
nous unir, un seul autel et un seul évêque avec le presbyterium (cf. Ignace d’Antioche, Lettres. Aux Philadelphiens, IV, SC 10 Cerf, 1951, p. 143). L’autel est par excellence le lieu de l’unité et du
salut aujourd’hui.
Dans quelques instants, je vais rendre les
mêmes honneurs que les saintes femmes ont rendus au Christ le soir du Vendredi
Saint. Je vais oindre de Saint-Chrême cet autel comme les saintes femmes ont
voulu embaumer leur unique Seigneur, puis je vais le vêtir d’un beau linceul
blanc, en posant la nappe, puis je vais l’encenser. Enfin, il sera illuminé. Ce
que ne savaient pas encore les saintes femmes, nous le savons : « Le
Christ est ressuscité ! Alléluia ! » Son Corps est désormais
lumineux et ses vêtements si « éblouissants, si blancs qu’aucun foulon sur
terre ne saurait blanchir ainsi » (Mc 9,3). L’autel est le lieu du sacrifice et celui de la Résurrection. Saint Jean
Chrysostome nous fait mieux comprendre la profondeur du geste de consécration.
Il dit : « L’autel a ceci d’admirable, que lui qui était par nature
une simple pierre, il est devenu saint par le fait qu’il
reçoit le Corps du Christ » (Homélie 20 sur la 2 Lettre aux Corinthiens,
PG. 61, 540).
Des reliques sont
déposées et scellées dans l’autel. Elles nous rappellent que notre Eglise est une
Eglise de témoins et de saints. Or le Christ, l’Eglise ne sont pas d’hier
uniquement, ils sont d’aujourd’hui et de demain (cf. Heb 13, 8). Nous sommes les membres vivants de l’Eglise. L’autel,
où sont célébrés les saints mystères, annonce et anticipe la Table du Royaume
où nous serons rassemblés un jour avec tous les Saints autour de Dieu, encore
mieux que sur la terre lorsque sommes rassemblés autour du Christ Eucharistie
et Pardon. En regardant cet autel, nos regards suivent le Christ pour chercher
les réalités d’en haut et vivre notre mission de « disciples-missionnaires » (Pape
François, Evangelii gaudium, N. 120). Cette pierre statique et consacrée signifie donc parce
que nous sommes des disciples du Christ dont nous portons le nom, notre devoir
missionnaire.
Puisse Dieu réaliser en nous et autour de nous, tout ce
que je viens de dire. Amen.